Nous ne choisissons plus l’information, elle nous assiège. Chaque jour, chaque seconde, un flot incessant de notifications, de vidéos en autoplay et de fils
d’actualité sans fin capte notre attention, la fragmente et l’exploite. Autrefois, s’informer relevait d’un acte volontaire. Aujourd’hui, nous sommes pris dans un
cycle où l’instantanéité remplace la réflexion, où la surabondance d’informations finit par nous désorienter plutôt que nous éclairer.
Nous sommes entrés dans l’ère de la dépendance aux algorithmes. Conçus pour maximiser notre engagement, ils transforment nos moindres sollicitations en réflexes conditionnés. Chaque clic déclenche une récompense, chaque scroll prolonge l’illusion du choix, chaque notification nous arrache un fragment de liberté.
Nous sommes enfermés dans une immédiateté perpétuelle qui façonne nos désirs, nos décisions et, au fond, nos existences.

Algorithmes Anonymes

Moi j’ai commencé par te dire mon prénom,
Mes secrets bidons, et mes mensurations
Je t’ai donné les plans et les clés de ma maison,
Les codes, mon solde, et mes pulsations.

J’ai accepté de croquer tes cookies,
Ajouté des rêves dans tes listes d’envies.
J’ai scrollé, cliqué, validé,
La politique de ton monde quadrillé.

J’oublie trop souvent que tu comptes mes pas,
et toutes mes heures volées, prises entre tes bras.
Tu sais mieux que moi le contenu de mon frigidaire,
Ce qu’il y manque, et mes coups de Poker
Mes coups de travers

Tu te joues de nous
comme une machine à sous,
Une info qui brille, et puis rien du tout.
Le frisson de l’attente, jackpot ou des clous

Je n’ai plus de nuit,
Je n’ai plus de veille,
Je n’ai plus d’envies
Je n’ai plus sommeil
Je n’ai plus d’et si
Tu calcules ma paye
Tout ce qui m’ennuie
Tout ce qui m’effraye
Tu me donnes l’envie
Avant que j’essaye
Tu me prives de mes cris
Tu me prives du ciel
Tu penses donc je fuis
Tu penses donc je fuis

Tu m’as tout appris, à ne plus rien attendre,
Tout voir, tout entendre sans jamais rien comprendre.
Alors moi je reste, et j’veux compléter.
Auto-play, enchaîné, en accéléré
Manger des images, et puis tout oublier.
Désir éteint avant même d’exister

Boulimie de médias, de chocolat
De tout ce que je choisis pas
Tu fais écran à mes tracas.
Mais avec toi j’ai peur de rien
Je suis plus bonne à rien
Si j’t’ai pas sous la main.
Je sais où aller, je sais quand partir,
Quoi écouter, regarder, et quoi lire.

Je n’ai plus de nuit,
je n’ai plus de veille,
Je n’ai plus d’envies
Je n’ai plus sommeil
Je n’ai plus d’et si
Tu calcules ma paye
Tout ce qui m’ennuie
Tout ce qui m’effraye
Tu me donnes l’envie
Avant que j’essaye
Tu me prives de mes cris
Tu me prives du ciel
Tu penses donc je fuis
Tu penses donc je fuis

Mais toi, tu n’oublies rien.
Tu archives mon destin,
Dans le désert d’Arizona.
Mais toi, tu oublies rien
Tu possèdes mon destin
Tu lis dans mon karma,

Mais aujourd’hui, je m’prends en main
Je te quitte c’est certain
Je prends la décision ultime
la décision ultime :
Je me rends,
Aux Algorithmes Anonymes

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